Le langage : Dire c'est faire
Le philosophe britannique John Austin a été rendu célèbre par la publication posthume d’une série de conférences rassemblées sous le titre évocateur How to Do Things with Words (en français, Quand dire, c’est faire). Elles constituèrent une rupture avec la philosophie traditionnelle du langage.
Jusque-là, on considérait en effet que la plupart de nos phrases avaient pour vocation de décrire un « état de choses » (ce sont les énoncés qu’Austin nomme « constatatifs »). Mais certaines formules, loin d’être de simples reflets de la réalité, ont pour particularité d’accomplir l’acte qu’elles désignent. Lorsque le maire annonce, par exemple, aux fiancés « Je vous déclare mari et femme », il ne constate pas un état de fait, il le réalise en le proclamant ! De même, quand je dis « je parie cinq euros qu’il va pleuvoir », ma phrase est moins une description
qu’une .h 1 ion – celle de parier. Ces énoncés atypiques, appelés « performotifs », ne sont ni vrais ni faux : il s’agit plutôt d’actes susceptibles de réussir ou d’échouer. Ainsi les mots ne se contentent pas de transmettre des Informations, ils sont aussi des instruments essentiels de production et d’exécution.
Austin s’emploie dans son œuvre à démontrer que de tels actes de langage prolifèrent dans nos discours et dans nos vies. On ne peut s’empêcher de remarquer que la philosophie du langage, au faîte de sa modernité, renoue avec l’idée biblique du Verbe créateur. Toutefois,
C ‘est l’homme et non Dieu qui en serait ici le maître d’œuvre.