Ô temps ! Ô mœurs !: ô temps ô moeurs
Auteur : Cicéron , en 63 av. J.-C.
Explication
En 70 av. J.-C., Cicéron a 36 ans. C’est déjà un avocat célèbre. Au nom de plaignants siciliens, il plaide contre Verrès, l’ancien gouverneur de l’île, pillard et violent. C’est pour l’avocat l’occasion d’une belle envolée sur la morale politique. « Au milieu de ces abus des gens les plus coupables, de la plainte quotidienne du peuple romain, de l’infamie des tribunaux, du discrédit de tout l’ordre sénatorial », Cicéron veut tout simplement agir pour le salut commun et soulager la république. Accablé par les mots et par les preuves, Verrès préfère s’exiler pour Marseille. Tout auréolé de ses plaidoiries, Cicéron est bientôt élu édile, c’est-à-dire chargé d’administrer Rome.
Sept ans plus tard, l’avocat développe le même thème mais dans des circonstances tragiques. En 63 av. J.-C., il est l’un des deux consuls de la république (à la tête de l’État pour un an). Menacé de mort, il dénonce une conjuration devant les sénateurs. « Jusqu’à quand, Catilina, abuseras- tu de notre patience ? », lance-t-il au chef des conjurés, qui siège tranquillement parmi ses collègues. « Ô temps ! Ô mœurs ! Cela, le Sénat le sait, le consul le voit. Néanmoins, cet homme vit. Oue dis-je, il vit? Il vient au Sénat, on l’associe aux délibérations communes, il marque, il désigne d’un coup d’œil chacun de ceux qui sont parmi nous promis à l’assassinat ! » Cette première Catilinaire, bientôt suivie de trois autres, entraînera la fuite puis la mort de Catilina. Cicéron y gagne le titre de « père de la patrie ».