Vérité et connaissance : Connais-toi toi-même
La maxime la plus célèbre de Socrate est extraite d’une inscription gravée au fronton du temple d’Apollon à Delphes, qui exhortait les voyageurs à l’humilité. Elle a traversé les siècles et s’accorde aujourd’hui à l’air du temps, puisque nous avons tendance à y voir une invitation à l’introspection (ou, peut-être même, au « développement personnel »). Pourtant, elle constituait aux yeux de Socrate un principe de morale plus que de psychologie.
Pour le philosophe grec, le vice et le malheur dérivent le plus souvent d’une ignorance de soi. Il faut donc s’efforcer d’amener les hommes à comprendre réellement ce qu’ils sont si l’on souhaite les conduire au bonheur et à la vertu. Pour cela, Socrate aide ses interlocuteurs à s’interroger sur leurs propres qualités et à chercher des définitions susceptibles de déchiffrer le sens véritable de leurs actions. Seul celui qui sera ainsi instruit de lui-même cherchera à acquérir ce qui lui manque et s’abstiendra d’entreprendre ce qui est au-dessus de ses capacités. L’observation critique de son être le rendra capable de modérer ses plaisirs, de se suffire à lui-même et surtout… de se garder du mal. N’y succombent en réalité, pour Socrate, que ceux qui en ignorent la véritable nature et pensent en tirer profit. S’ils le connaissaient, comment pourraient-ils le désirer puisqu’il rend malheureux ?
Il n’est donc pas question d’égocentrisme ou de narcissisme dans cette fameuse injonction. La connaissance de soi est la condition fondamentale de la sagesse, de la liberté et de la vertu. Elle fut pour Socrate et demeure jusqu’à aujourd’hui au cœur de la philosophie.