Le désir : Le désir est l'essence même de l'homme: le désir est l'essence de l'homme citation
Adam et Ève, chassés du paradis pour avoir transgressé la loi divine, condamnent l’humanité à porter le poids du péché originel. Ils scellent la nature maudite du désir, mal aux mille facettes et aux sournoises tentations dont l’homme devrait se défier sous peine de perdre son âme. Or, n’est-ce pas là l’un des faux procès de notre culture ?
En écrivant que le désir constitue l’essence – autrement dit l’identité même – de l’homme, Spinoza replace celui-ci dans le cadre de la Nature. À l’instar de tout être vivant, l’être humain est doté d’un appétit de vie, d’une tendance à agir et à persévérer dans son existence. Fondamentalement, le désir est donc innocent, au-delà de tout jugement ou condamnation. Toutefois, ce qui est nommé « instinct » chez l’animal est désir pour l’homme, car celui-ci en est conscient et le déploie sur un registre plus large que la sommaire reproduction ou la survie : désir de création artistique, amour ou bienveillance envers autrui… En somme, prétendre renoncer au désir reviendrait pour l’homme, non seulement à nier sa propre nature, mais aussi à se priver de l’énergie qui seule peut alimenter sa joie.
Pour autant, Spinoza ne légitime pas toute envie ou caprice, et n’invite pas à la jouissance frénétique des divertissements comme nous y incite notre société de consommation. La revalorisation du désir s’inscrit dans la perspective d’une Éthique dont l’enjeu est d’apprendre à connaître et maîtriser cette vitalité en vue d’une existence bienheureuse, c’est-à- dire moralement accomplie.