Un esprit sain dans un corps sain
Auteur : JUVENAL , vers 110-120
Explication
Depuis l’époque légendaire de la fondation de Rome, l’hygiène et l’activité physique ont une grande importance dans la culture latine. Une activité réglée de paysan en temps de paix et de soldat en temps de guerre, des repas frugaux et une hygiène corporelle irréprochable constituent l’idéal du citoyen républicain. Mais sous l’empire, cet idéal appartient à une époque définitivement révolue.
Le satiriste Juvénal (le patronyme Juvenalis signifie «jeune» ou «juvénile ») raille tous ceux qui, au lieu de prier pour avoir « un esprit sain dans un corps sain », déposent dans les sanctuaires les « entrailles et saucisses sacrées d’un blanchâtre cochon de lait ». Il faudrait plutôt demander une âme forte, exempte des terreurs de la mort, et préférer « les épreuves d’un Hercule aux amours, festins et duvet moelleux du roi Sardanapale ». La population romaine n’est plus à ses yeux que «la tourbe dégénérée des enfants de Remus», c’est-à-dire issus du plus faible des fondateurs de Rome, tué par son jumeau Romulus.